vendredi 3 octobre 2008

"Tradition et Modernité dans les Arts Martiaux" par Didier Rambaud

"En prenant comme point de référence la psychologie et l’éducation interculturelle, nous voyons, dans la transmission des arts martiaux, s’opposer deux modèles théoriques ; l’un Individualiste et l’autre Communautaire.
Pour ce dernier, la pratique martiale s’intègre dans une diachronie qui permet au praticien d’avoir conscience d’appartenir à un corps social dit Traditionnel. Son savoir est ancestral et il perdure ainsi la Tradition. Il y a donc une forte interdépendance entre les membres de l’Ecole qui valorise la hiérarchie, la codification des relations entre les différents protagonistes. En règle générale, ce type d’Ecole fait la part belle au notion de : solidarité, coopération ou encore à la loyauté et à l’harmonie entre ses membres. L’ancêtre originel, les ancêtres, la lignée voire même le clan familiale forme une chaîne dont l’individu n’est qu’un maillon. Le sujet est intégré dans le " Nous " et sa reconnaissance ne se fonde pas sur ses croyances personnelles mais sur son statut, son rôle et sa fonction au sein de la communauté. S’écarter des valeurs collectives, c’est prendre le risque de se voir exclure du groupe. En terme de pratique, la reproduction des mouvements - et notamment celle des Taos – doit être à l’identique, canonique sans laissé de place à la moindre création.
Pour le modèle dit " individualiste ", le sujet est ici appréhendé en tant qu’être séparé du groupe. Le pratiquant est donc sensé avoir une conscience de soi, un sens de la vie qui le mène au-delà de la simple reproduction de ce qu’on lui transmet. Le corps social s’inscrit ainsi dans une synchronie qui permet à un individu de changer de voie. L’affirmation du sujet passe par l’autonomie et l’indépendance. La conformité sociale ici est celle de la compétitivité, de la créativité et de l’initiative en vue d’un véritable développement personnel qui favorise celle de l’Ecole. En terme technique, nous pouvons assister à des variations ; celles-ci étant même recommandées.
Ici, il n’est pas question d’émettre un jugement sur la voie à suivre mais bien de s’interroger sur sa pratique par rapport à un schéma théorique, conceptuel donc idéalisé et abstrait c'est-à-dire sortit du contexte.
Aussi, très simplement, dans votre vécu, posez-vous la question de " qui parle en moi " lorsque vous reproduisez les mouvements qui vous ont été appris ? N’êtes-vous qu’un robot où vivez vous pleinement le Savoir qui vous a été transmis ? Le transmettriez-vous de la même manière ?
Si tel est le cas, probablement que chaque leçon est bel et bien un enseignement et votre apprentissage une richesse infinie !
Dans le cas contraire, il vous faut encore chercher en ayant en tête les adages suivants :
" Apprentis de tout et Maître de rien "
" Lorsque l’élève est près le Maître arrive " et inversement !
Enfin, comme le soulignait un ami sur un autre sujet que les arts martiaux : il n’y a finalement de chemin que celui que l’on trace.
Autrement dit : il n’y de son Histoire que celle qui est passée ! ".
Didier RAMBAUD

Pour en savoir plus sur Didier Rambaud, reportez-vous à l'article du mardi 9 septembre.

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